Quand la thérapie d’acceptation et d’engagement rencontre Watzlawick
Nous tenons à avertir le lecteur que les mots qui vont suivre sont à caractère appétitif pour certains et aversifs pour d’autres. Que leur lecture pourrait avoir un effet sur votre vision du monde, peut-être même sur votre vie. Une fois les lignes parcourues, plus de marche arrière, on ne peut désapprendre un lien. Alors prudence, prudence.
L’acceptation du plus fort est toujours la meilleure, nous allons le montrer tout à l’heure. Un Franzi (ou peut-être est-ce moi ou vous?) déambulait dans les méandres d’une grande verdure, un panneau survint à jeun…
Watzlawick P. « Comment réussir à échouer, trouver l’ultrasolution », Editions Seuil, 1988 :
« Les tribulation de Franzi trouvèrent leur apogée alors qu’il était âgé de treize ans. Il était assis dans le parc Beethoven, à Steinhof, en face d’un grand parterre de fleurs, quand il vit une pancarte portant l’inscription « Ne pas dépasser cette limite ».
Ce qui le ramena à un problème qui le préoccupait de plus en plus depuis quelques années. Une fois de plus, il se trouvait dans une situation qui ne semblait laisser le choix qu’entre deux possibilités, toutes les deux inacceptables. Ou bien il se montrait libre face à cette interdiction opprimante, et commençait à marcher dans les fleurs – en risquant de se faire prendre-, ou bien il restait à l’extérieur du parterre.
Mais la seule pensée de faire preuve d’autant de lâcheté, d’obéir à cet écriteau stupide, lui fit bouillir le sang. Il resta longtemps là, devant sa pancarte, indécis, ne sachant à quel saint se vouer, jusqu’à ce que, tout à coup, peut-être parce qu’il n’avait jamais regardé des fleurs assez longtemps, une idée totalement différente lui vint à l’esprit : ces fleurs sont magnifiques.
Cher lecteur, vous trouvez cette histoire insignifiante ?
Si c’est le cas, je ne peux que vous dire ceci : au moins le jeune Wokurka, quant à lui, ne fut pas de cet avis. Cette idée subite déferla sur lui comme une vague qui vous soulève et vous transporte rapidement, sans que vous fassiez le moindre effort.
Il prit soudain conscience du fait que l’on pouvait peut-être voir les choses sous un angle totalement différent et nouveau. Je veux ce parterre exactement comme il est, je veux cette beauté, je suis ma propre loi, ma propre autorité, se répétait-il sans cesse. Et soudain, la pancarte n’avait plus la moindre importance, le piège de l’opposition manichéenne « soumission ou rébellion, et rien d’autre » avait disparu.
Bien sûr, l’euphorie ne dura pas, mais quelque chose de fondamental avait changé. Une légère mélodie s’était installée en lui ; souvent complètement inaudible, elle retrouvait sa clarté à chaque fois que le monde semblait s’enfoncer dans le fatras du ou bien/ou bien.
Par exemple, quand il apprit à conduire il bouclait toujours sa ceinture de sécurité, parce que c’était lui qui l’avait décidé et que c’était raisonnable.
Et quand un peu plus tard, il commença à faire rage le grand débat public sur la question de savoir si le gouvernement pouvait rendre ou non le port de la ceinture de sécurité, il se désintéressa complètement de tout ce raffut. Il était en dehors de la controverse…. »
Les yeux rivés sur la lutte vous ne voyez pas ce qui se passe autour, une seule chose compte gagner le tir à la corde, résoudre le problème.
Ne désirez-vous pas relâcher votre traction sur la corde, ou peut-être la lâcher totalement.
Lorsque vous vous battez avec ce qui ne peut être changé ou avec les contraintes, que vous vous perdez dans les méandres de la frustration sans y voir une possibilité de liberté, lorsque vous retrousser les manches et vous creusez les méninges pour résoudre l’insoluble, êtes-vous attentif à votre épouse/ époux ?
Voyez-vous vos enfants ?
Ecoutez-vous attentivement les dernières aventures de votre meilleur ami ?
Profitez-vous pleinement de cette randonnée en montagne ?
Probablement pas..
Alors continuez, tirez sur cette corde, battez-vous, ne lâchez rien, échinez vous à gagner cette lutte éternelle, faites de vous-même un Sisyphe, ce combat est magnifique car il ne possède pas d’issue. Devenez un héros des temps modernes, un être adulé de vous-même et menez votre unique troupe sur le champ de bataille.
Ou
Faites comme Franzi, sentez et prenez conscience, respirez, faites-vous « prendre par cette vague qui vous soulève et vous transporte rapidement sans que vous fassiez le moindre effort… goûter à la liberté »
C’est AMAGUIZ…
Photo credit http://www.flickr.com/photos/sicoactiva/163327092/sizes/z/in/photostream/?