burnout detection prevention

Au delà de la fatalité, une réelle possibilité de changement

Le Burn-out est un problème de plus en plus présent dans notre société, en raison notamment des difficultés socioéconomiques rencontrés et des pressions croissantes exercées sur « le travailleur » (qu’il soit en employé, chef d’entreprise ou indépendant).
Les facteurs qui participent à l’augmentation de ce phénomène sont multiples : la société en général, les médias, certains modes de gestion des ressources humaines… chacun participe sans pour autant pouvoir être incriminé comme responsable unique.

Les 6 facteurs du Burn-out

Christina Maslach, une des pionnières dans le burn-out, avec Michael Leiter de l’Université Acadia (Nouvelle-Écosse), liste six facteurs qui peuvent contribuer à mener au burnout:

  • la surcharge de travail;
  • le manque de contrôle sur le travail;
  • les récompenses insuffisantes;
  • les problèmes dans la communauté de travail, tels que l’incivilité;
  • le manque de soutien entre collègues;
  • le manque d’équité, tels que les inégalités de salaires, de promotions ou de charge de travail;

Qu’est ce que le Burn-out ?

L’épuisement professionnel est surtout connu sous l’appellation anglaise de Burn-out.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), il se caractérise par « un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail ».

C’est en 1969 que ce terme a été utilisé pour la première fois et il a fait l’objet de nombreuses définitions depuis.
Dans les années 1970, cette étiquette était réservé essentiellement aux aux employés du domaine de la relation d’aide (infirmières, les médecins, les travailleurs sociaux et les enseignants). Cet état de souffrance résultait, entre autres, d’un fort engagement émotionnel dans le travail.

Par la suite, Christina Maslach, s’intéressa au phénomène et émit l’hypothèse et s’engagea dans de nombreuses études scientifiques à ce sujet. Ces travaux mirent en évidence que le travail qu’officier au sein d’une relation d’aide pourrait expliquer en partie les symptômes.

Elle définit le Burn-out selon trois dimensions, encore utilisées aujourd’hui (MBI – Maslach Burnout Inventory):

  1. L’épuisement émotionnel
  2. La dépersonnalisation ou le cynisme
  3. L’efficacité professionnelle

De nos jours, quelque soit le métier ou la fonction, tout un chacun pourrait développer un burn-out.

Le Burn-Out, un phénomène en nette progression

Depuis le début des années 2000, nous assistons à une véritable généralisation du phénomène qui pourrait toucher tout individu psychologiquement engagé dans son travail.

Différents facteurs liés à l’évolution de notre société contribuent à cette globalisation comme la crise économique, le chômage, les délocalisations, les développements technologiques, qui nous amènent à être continuellement connectés au travail.

Les attentes au sein de la sphère professionnelle évoluent constamment. Nous remarquons actuellement que l’emploi permet d’assoir un certain statut social et également ouvre les portes d’une vie privée épanouissante.
Au début du 20ème siècle, l’espace hors travail était beaucoup plus restreint. Nos aïeuls ne partaient pas nécessairement en vacances et ne cultivaient pas une volonté de bien-être axée sur les temps récréatifs.

D’un autre côté, d’une certaine manière les conditions de travail ont subi une modification progressive. Certaines éléments se sont améliorés tels que les horaires, les droits sociaux… En parallèle nous assistons à une objectivation rationnelle des méthodes qui éloigne parfois de l’humain pour s’approcher des notions de rentabilité.

Il plane également un sentiment de risque lié à la perte potentielle de son travail et à l’impossibilité d’en retrouver un autre dans de bonnes conditions.
Cependant l’emploi reste et demeure un gage nécessaire pour accéder ou conserver un niveau de vie élevé.

Dans notre société, les temps sociaux s’entrecoupent. La vie professionnelle grignote du terrain sur la vie privée, le travail devient central et tout puissant, jusqu’à dévorer tous les autres pans de la vie. La pression réelle et perçue est énorme. On se doit d’être « disponible », « connecté », « joignable » et « réactif », à toute heure, sans discontinuité. Mails, messages, appels, … abondent et fusent de toutes parts.

Les cadres sont également fortement exposés à ce surmenage intense : ils continuent à travailler le soir et les week-ends sur leurs dossiers, depuis leur domicile. Le temps consacré à se ressourcer réellement, en se déconnectant totalement du travail se fait de plus en plus rare.

Tout ceci amène à un écart toujours plus grand entre un idéal de changement et la réalité de l’environnement de travail.

Nous pouvons actuellement considérer que le Burn-out est directement lié à un déséquilibre entre les ressources disponibles, les valeurs, les attentes et les exigences de l’environnement.

Quel est le profil d’un candidat au Burn-Out ?

Les études montrent qu’en général, ce sont ‘les meilleurs travailleurs’ qui risquent de développer un Burn-Out.

Les personnes qui vivent les moments les plus difficiles en terme de stress sont des professionnels de qualité, consciencieux, dynamiques, créatifs, ambitieux, faisant preuve d’une force de travail remarquable, capables de résister longtemps et efficacement. Bien souvent, ils ont du mal à faire preuve d’assertivité et à identifier leurs propres besoins.

Nous sommes bien loin de l’image de la personne faible, acculée et incapable de répondre à la pression. Le burnout n’est pas un signe de lâcheté ou de faiblesse mais plus une marque d’implication et d’opiniâtreté.

Comment détecter le Burn-out?

Vous arrive-t il de :

  • Vous sentir de plus en plus irritable et irrité ?
  • De percevoir des signes de fatigue intense ?
  • D’avoir des difficultés pour conserver votre concentration ?
  • De considérer comme inaccessible des tâches ou des actions que vous réalisiez sans trop d’efforts auparavant ?
  • D’être emprisonné dans un quotidien où s’entremêlent sans réelle limite vie privée et professionnelle ?
  • De limiter vos interactions sociales, vos loisirs, votre implication dans vos différentes activités ?

Si vous vous reconnaissez entièrement ou partiellement dans l’une de ces interrogations, il se peut que vous ayez déjà un pied dans le burn-out.

La complexité du syndrome d’épuisement professionnel réside dans la difficulté de le circonscrire et de le diagnostiquer de manière claire.
En effet, ce phénomène évolue de manière progressive, latente et lente sur plusieurs longues années.

De plus, certains symptômes aspécifiques tels que le manque d’énergie, l’irritabilité, les troubles de la concentration ou encore une émotivité plus importante peuvent induire en erreur le professionnel de la santé.

Le burn-out débute par un sentiment d’épuisement émotionnel qui évolue vers une position cynique pour déboucher sur une perte de confiance généralisée dans ses propres capacités.
Ce processus engendre également une perte de motivation dans de nombreux domaines.

Prise en charge du Burn-out : Premières mesures préventives

Au niveau individuel

La prise de conscience doit être globale afin de pouvoir prendre en charge son burn-out et établir un plan d’accompagnement sur le court et le long terme.

  • Reconnaitre les signes annonciateurs.
  • Mettre en place des démarches de gestion du stress (pleine conscience, relaxation,…).
  • Redéfinir certaines limites, notamment celle qui définit la frontière entre le professionnel et le privé.
  • Se reposer et accepter une période d’augmentation sensible de la fatigue.
  • Faire un audit énergétique personnel : à l’instar d’un audit au niveau d’une habitation, il s’agit d’identifier les zones de déperdition et d’envisager les mesures pour les corriger.

Au niveau de l’entreprise

Beaucoup d’actions peuvent être réalisées au niveau de l’entreprise. Leur efficacité dépend de leur nature et également de la manière dont elles sont présentées et mises en application.

De manière générale, l’entreprise peut investir dans des disciplines diverses : yoga, pleine conscience, massage, réalisation de projets personnels ou caritatifs,… Mais l’ensemble doit former un tout cohérent avec les pratiques managériales. L’intérêt apporté par les dirigeants à l’écoute et à la réalité du terrain représente un réel adjuvant lorsque la pression est importante.

Diagnostic et traitement du Burn-out

Les personnes qui souffrent d’un burnout sont pour la plupart des selfs made man ou woman qui ont cultivé tout au long de leur carrière une capacité à trouver des solutions en et par eux-mêmes.
Ils se retrouvent dans une situation qui échappe à leur contrôle et qui peut engendrer un sentiment d’incompréhension et de panique.

Naturellement, ils vont essayer de s’en sortir par eux-mêmes. Cependant, dans ce genre de situation, il sera nécessaire de mobiliser d’autres ressources externes (l’entourage, des professionnels de la santé, des coachs spécialisés, les conseillers en prévention, l’entreprise…).

Cet élément nécessaire à une évolution n’est pas facilement accessible et nécessite une prise de conscience libératrice et parfois malaisée.

Il est important de spécifier qu’il n’est pas évident pour l’entourage de comprendre l’ensemble des cercles vicieux dans lesquels se retrouvent enfermée la personne qui vit au quotidien cet épuisement.
D’ailleurs, il est fréquent que ces individus volontaires, impliqués et motivés se retrouvent confrontés à l’incompréhension de leur entourage.

Face à un Burn-out, en plus d’une prise en charge spécifique dans un centre spécialisé au niveau psychiatrique et psychologique, il est parfois nécessaire de proposer une incapacité de travail dans les cas les plus extrêmes.
Cette incapacité est nécessaire autant pour la personne que pour l’entreprise.
En effet, elle permet de se remobiliser, de redéfinir ses valeurs et de se recentrer afin de permettre une évolution pérenne et durable.

Le burn-out ne se traite pas nécessairement par des antidépresseurs. Ceux-ci restent utiles lorsque la situation est aggravée par une dépression ou un trouble anxieux.

Un signe annonciateur d’un changement nécessaire ?

Le burn-out est un moment de souffrance et également un moment de changement. Il permet de se recentrer sur ce qui compte vraiment : l’importance de la famille, le regard de son enfant, un verre partagé entre amis, l’intensité d’un moment de sport, la curiosité d’un nouvel apprentissage,…

Après une récupération nécessaire, il amène à une plus grande flexibilité psychologique, il développe l’assertivité.
Le burn-out n’est pas une malédiction ni une condamnation, il constitue un moment de vie plein de doutes, de souffrances et de perturbations, qui ouvre vers d’autres possibles.

Article écrit en collaboration avec Dr Nicolas Clumeck, psychiatre , Clinique de la gestion du stress et du Burn-out, le Domaine-ULB-Erasme à Braine-L’Alleud