Comment ma fille a revele le meilleur de moi-meme

Les rapports humains, une source de bien-être
En tant qu’être humain, nous sommes tous en relation avec d’autres personnes avec lesquelles nous entretenons certains liens plus ou moins fréquents, parfois superficiels, parfois profonds ou intenses.

Ces interactions, ces partages sont indispensables au bonheur et constituent un des éléments centraux dans la construction quotidienne d’un bien-être durable.
Les études en psychologie sont formelles à ce propos. Alors si parfois, se mettre à l’écart du monde pour se ressourcer est temporairement un facteur de prise de distance, de repos,… il reste important de se connecter… de partager réellement avec ceux qui nous entourent : proches, amis, copains, collègues…

Il est également important de cultiver des relations « vraies » guidées par les valeurs avec des échanges variables, de l’engagement et une continuité.

En thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT), ces actions sont plongées dans les valeurs et débouchent sur de nombreuses pas engagés. Ils sont une source de vie et à long terme donne plus de sens au quotidien.

En ACT, tout est expérimentation

Dans cette optique, j’ai effectué une expérience qui m’a permis de ressentir la vie au travers des larmes et des sourires.
Mon but n’est pas de vous l’imposer mais de la partager avec vous… et de vous laisser par la suite choisir et décider d’emprunter cette même voie.

Ma fille Shanna était partie en juillet pendant 5 jours avec les Lutins (sorte de scouts avec uniquement des filles) en camp à Havelange.
Je n’avais aucune nouvelle de sa part. Sa maman en recevait tous les jours.
Elle me rapportait leurs échanges et me donnait indirectement de ses nouvelles.

Je restais face à elle à maugréer. A contre cœur, je lui disais que « c’était super ce qu’elle vivait loin de nous». Ensuite, j’allais consulter mon portable avec une certaine appréhension, et…. RIEN, RIEN, RIEN…

J’étais frustré et je vous avoue un peu jaloux. Je me sentais en lutte coincé au creux d’une réaction humaine et enfantine.
Je me disais « eh bien puisqu’elle ne me donne pas de nouvelle, moi non plus et BLABLABLABLA… ».

En pilote automatique, sur le mode réactionnel, j’avais perdu de vue ce qui m’importe vraiment.

J’ai choisi alors de ralentir et d’aller toucher ce qui était essentiel et primordial pour moi.
En faisant cette expédition au pays de ma propre souffrance,  j’ai ramené des valeurs telles que la présence, le partage, la constance et la transmission de l’essentiel…
Je confirmais en moi-même que derrière toute souffrance, se trouve une ou plusieurs valeurs bafouées.
En me comportant de la sorte, impatient, hostile, je me trouvais bien loin de ces balises, et j’en souffrais beaucoup.

Un soir j’ai décidé de prendre un stylo et lui écrire une lettre :

« Ma Shanna,
Avant que tu naisses, j’ai écrit un texte, une poésie en fait. Je racontais que grâce à toi, ma première fille, j’allais découvrir ce que c’était d’être papa et que cela allait changer ma vie.
Ce fut le cas et encore aujourd’hui, je vis tous les jours le bonheur de te connaitre.

Chaque jour qui passe, tu grandis et j’essaye du mieux que je peux de grandir avec toi.
Un papa, tu sais, ça commet beaucoup d’erreurs, et je m’engage à y rester attentif pour te livrer la meilleure version possible de moi-même en tant que papa.

Là tu te trouves au camp, avec tes 9 ans. Je suis fier de toi, dans tes sourires, tes pleurs, tes colères,… et je te fais un gros câlin, si tu es d’accord 😉

Garde bien en tête nos discussions, ce cerveau qui te raconte parfois des bêtises, ces tigres qui n’en sont pas, cette tristesse qui peut être belle,… et surtout…

Amuse-toi, éclate-toi, ou ce que tu veux du mieux que tu peux… Permet toi d’être en colère, de te sentir ridicule ou parfois de ressentir la peur ou la tristesse,… ils ne sont nos ennemis que si on refuse leurs présences.

Si on garde dans le cœur, ceux ou celles qu’on aime, on ne peut se tromper et on se sent un peu moins seul,

Je t’aime

Papa »

Les larmes ont coulé pendant que j’écrivais cela, de larmes rédemptrices, plus justes que la colère, la jalousie.
Je pensais à elle et je me sentais vivant, bien vivant. J’étais pleinement connecté à ce qui compte vraiment et à ceux que j’aime.

Ensuite, j’ai attendu son retour pour lui laisser l’occasion de m’en parler si elle le désire. J’étais plus calme, plus constant, un sourire vrai et profond en moi, un peu de crainte comme à chaque fois que je partage quelque chose d’important avec quelqu’un d’important.

Avant son retour, j’ai reçu une lettre d’elle, où elle me parlait que je l’avais fait pleuré, qu’elle me remerciait et qu’elle m’aimait très fort.
A son arrivée, elle m’a sauté dans les bras la sans un mot… avant de me dire que j’étais un méchant de l’avoir fait pleurer. Un grand sourire et plein de  larmes se dessinaient dans son visage.

Au delà des émotions et de mon expérience personnelle, j’ai vécu intérieurement plusieurs processus ACT :

  • Des manifestations internes désagréables,
  • Le vécu d’un pilote axé sur la colère et la frustration,
  • Un ralentissement sur ce qui était réellement important pour moi,
  • Se poser sur les valeurs présentes,
  • Poser une action engagée.

En tant qu’époux, père, épouse, mère, père, enfant ou tout autre… autorisez-vous à faire cette expérience et donnez-vous l’occasion de sentir la vie en vous et de la partager avec ceux que vous aimez.

Ce moment pourrait être pour vous intense, profond, humain, riche… ce serait votre moment, votre expérience.
Et vous, que choisiriez-vous ?