Flânant dans mon salon j’écoutais d’une oreille distraite la radio, le groupe téléphone me parlait de la terrible histoire des boires et déboires de cendrillon :
« ….Cendrillon pour ses trente ans
Est la plus triste des mamans
Le prince charmant a foutu l’camp
Avec la belle au bois dormant… »
Quelle déchéance, quelle horreur et quel désastre, une histoire des temps modernes, emplie de trahison, de tromperie, drogue et de sexe.
Titillée par ces mots, ma curiosité m’a poussé à parcourir les contes qui trônaient sur l’armoire du salon afin d’y découvrir finesse, légèreté, magie et poésie. Mes souvenirs me susurraient des chuchotements qui parlaient de prince charmant et de belle au bois dormant.
La réalité en est bien autrement, voici entre autres ce que je découvris en résumé en tournant les pages de l’innocent Petit Poucet :
« Une année de grande famine, un couple de bûcherons très pauvres se voient contraints d’abandonner leurs sept enfants, âgés de 7 à 1O ans, dans la forêt, car ils n’ont pas le courage de les voir mourir de faim. Mais le plus jeune, très avisé, ayant tout entendu du projet de ses parents, décide d’anticiper : il va ramasser des petits cailloux qu’il sème tout le long du chemin, aussi ses frères et lui regagnent-ils la maison paternelle sans aucune difficulté. Or il se trouva que ce jour là, le seigneur du village avait enfin remboursé aux bûcherons l’argent qu’il leur devait et ils étaient en train de faire bonne chère et la mère se lamentait de l’absence de ses enfants, quand elle les entendit. La joie est immense et cette joie dura tant que le couple eut de l’argent.
Lorsqu’ils se retrouvèrent dans la précarité première, les parents décident à nouveau d’abandonner leurs enfants mais en prenant soin cette fois-ci qu’ils ne puissent retrouver le chemin de la maison. »
Un juste mélange de tristesse, de précarité et de déchirement. Cependant, quelques mots ponctuent presque systématiquement ces récits, ils trônent et président les dernières lignes en résonnant dans ces quelques mots « ils vécurent heureux …. ».
Des pages et des pages qui parlent de passion, de malheur, de douleur et de souffrance, et rien, le néant, l’absence de suite qui se veut de l’obédience de la supputation fantasmatique personnelle.
Cette Histoire est loin d’être isolée, les contes ont une tendance naturelle à la tristesse, la colère, la mort, l’injustice et l’horreur : cendrillon, la belle au bois dormant, Hansel et Gretel, la petite fille aux allumettes,…
Des méandres sinueux se déploient au cours d’un récit à la noirceur dégressive. Petit à petit les expériences s’embellissent, la lumière pointe, la solution se précise et la conclusion émerge pour se clore sur le célèbre et sempiternel « ils vécurent heureux… »
Et nous n’en seront pas plus : imagination, création, invention et…. FRUSTRATION ET CURIOSITE.
Pourquoi est ce que les contes de fées se terminent toujours par ces mots, couperets annonciateur d’une suite aux courbes vaporeuses, on devine sans pour autant en savoir plus ?
La suite au prochain article, restez curieux 😉
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