Notre quotidien est peuplé de nombreux moments de joies et de plaisirs tout comme il comporte son lot de peine et de désarroi.
Cette tendance trouve son origine en grande partie de trois stratégies de survie en climat hostile et d’une logique de transmission des gènes vers une continuité de l’espèce.

pourquoi-souffrance

En période inhospitalière, très précaire et dangereuse, ces stratégies sont extrêmement efficaces. Dans d’autres contextes, elles entrainent un certains nombre de souffrances.
Ce qui fonctionne dans un environnement donné n’est pas nécessairement performant dans d’autres conditions.

Lorsque ces stratégies sont contrariées, des signaux d’alerte à la menace – parfois très douloureux – sont envoyés et parcourent le système nerveux  jusqu’au cerveau. Cela va nous mettre en action vers ce qui parait, dans les conditions actuelles, le plus profitable à notre survie.

Ces trois stratégies pourraient être résumées de la manière suivante :

1 . Créer des séparations dans le but d’établir des limites et des frontières entre vous-mêmes et le monde mais également entre les différents états mentaux.
2. Maintenir une certaine stabilité, cela dans l’optique de préserver un équilibre sain entre les systèmes physiques et mentaux.
3. Etre capable de saisir les opportunités potentielles et éviter les dangers – dans ce cas, l’important est de pouvoir bénéficier de ce qui est favorable à la reproduction et échapper à ce qui est défavorable.

En temps de survie, ces stratégies sont très efficaces et taillés sur mesure pour nous maintenir en vie.

Les voies de l’évolution ont une perspective de continuité et de maintien de l’espèce.
En dehors de ces buts, elles ne se préoccupent pas de notre ressenti ou de notre souffrance et choisissent invariablement les pistes les plus efficientes : « Peu importe la douleur si elle est nécessaire à maintenir la vie ! ».

Pour inciter les humains et les animaux à adopter ces stratégies et transmettre leurs gènes, les réseaux neuronaux ont évolué et ont été petit à petit configurés pour générer de la douleur et de l’angoisse dans des circonstances telles que :

  • Une atténuation ou disparition des séparations
  • Des menaces perçues au niveau de la stabilité
  • Lorsque les opportunités nous échappent ou quand le danger menace.

Paradoxe, ironie et douceur amère de notre environnement, ces conditions sont en permanence réunies.
En effet, tout est interconnecté, le monde interne et externe est en perpétuel changement. Cerise sur le gâteau, nous ne pouvons saisir toutes les opportunités et celles-ci peuvent devenir moins attractives, le tout baigné dans une atmosphère de dangers inéluctables (maladies, blessures, vieillissement et mort,…).

Ces émotions, à la base fonctionnelles, nous éloignent de ce qui pourrait constituer une menace. Parfois, en faisant cela, elles nous détournent de ce qui compte vraiment pour nous à long terme et nous entraine dans une lutte…

Voyons ensemble comment ces éléments qui nous font souffrir

Séparation et lobes pariétaux

Chez la plupart des êtres humains, le lobe pariétal droit renseigne sur la position du corps par rapport à son environnement.
Le gauche établit la distinction entre ce même corps et le monde.
Il en résulte une hypothèse indispensable à l’équilibre que l’on pourrait exprimer « je suis un être indépendant et distinct de ce qui l’entoure ».

Les lignes suivantes vont partiellement battre en brèche cette belle vérité.

Nous ne sommes pas vraiment distincts

Pour vivre et se mettre en action, tout organisme vivant doit métaboliser. Ce qui signifie « échanger » de la matière et de l’énergie avec le monde environnant.
En une année, de nombreux atomes de notre corps sont remplacés.

Lorsque vous vous portez un verre d’eau à vos lèvres, l’énergie que vous utilisez est fournie par la lumière. Cette dernière s’est frayée un chemin au travers de la chaine alimentaire. Elle nourrit et permet le développement de la faune et de la flore qui constitue la base de notre alimentation.

Ce fameux mur qui vous sépare de l’extérieur ressemble plus à une palissade au final.

La séparation entre le monde extérieure et votre esprit est aussi fine qu’une ligne qui serpenterait sur un trottoir. ET cela commence dès votre naissance. Le langage, le savoir, la connaissance se faufilent dans votre cerveau et participent au façonnement de votre personnalité.

L’empathie, cette qualité tellement appréciée et appréciable, met notre esprit en résonance avec celui d’autres personnes. Tout cela fonctionne dans les deux sens, le flux d’activités mentales permet aussi d’influencer les autres.

« Au sein de votre cerveau, tout est mélange et échangisme, son contenu se déverse et s’entremêle et les sensations deviennent des pensées, des sentiments, des désirs,… qui débouchent sur des actions provoquant des sensations. »

Ce flux continu de conscience correspond à des séquences d’assemblages neuronaux ponctuels qui s’allient et s’entrechoquent avant de se séparer souvent en moins d’une seconde.

Nous ne sommes pas vraiment indépendants

L’existence de chacun est le résultat de l’addition de dizaines de milliers de causes.
Nous pourrions remonter très loin dans les origines de notre présence sur terre ici-et-maintenant. La plupart des atomes de notre corps étaient présents au départ dans les premières étoiles.

  • L’oxygène de nos poumons tout comme le fer dans notre sang étaient présents depuis des millénaires. A la création de l’univers, l’hydrogène constituait à peu près le seul élément existant. Les étoiles agissaient comme de formidables réacteurs de fusion nucléaire qui broyaient les atomes d’hydrogène, produisaient des éléments plus lourds et libèraient une quantité considérable d’énergie.
  • A la formation du système solaire, ces gros atomes étaient en nombre suffisants pour créer notre planète et ensuite vos yeux qui parcourent ces lignes et vos doigts qui cliquent ou tapotent. Nous sommes le fruit de milliard de poussière d’étoiles.

Dans la même optique, notre esprit est dépendant d’un nombre incalculable de causes. Prenez un temps pour songer aux évènements, aux proches, aux individus, aux expériences qui ont modelés vos opinions, vos pensées, vos émotions depuis que vous avez poussé votre premier cris (et même avant pour certains).

Imaginez, que par erreur, vous ayez été échangé à la naissance et que vous ayez grandis au Texas, au milieu de la nature, bercé par le rythme de la vie d’un ranch.
Imaginez que vous ayez été recueillis par de petits et modestes épiciers Kényans.
Dans ces deux cas, à quoi ressemblerait votre esprit aujourd’hui ?

Souffrance et séparation

Nous sommes connectés au monde, notamment au travers de notre métabolisme (cf supra) et nos tentatives de séparation entrainent des signaux d’alerte et de gêne.
Si nos efforts sont couronnés de succès et que l’environnement apparait comme totalement distinct de nous, cela débouche sur de la souffrance.

En effet, le monde apparait, se dresse totalement séparé et potentiellement dangereux. Dès lors, nous aurons tendance à le craindre, le vivre comme une menace et lui résister en vain.

Si vous dites et que vous affirmez  « je suis un corps distinct de ce monde », dès lors, les fragilités de ce corps vous appartiennent.
Dans ce cas de figure en le scrutant, vous pourriez l’estimer trop gros, trop fluet, pas assez solide ou rigide…
En faisant cela vous souffrez.
Si ce même corps est malade, menacé par la vieillesse,…, vous SOUFFREZ.