L’ACT propose d’observer les évènements psychologiques à plusieurs hauteurs et dans des perspectives différentes. A ce niveau, il distingue « le Soi comme contenu » du « Soi comme contexte ». L’ACT aborde également le concept de soi comme processus que nous décrirons brièvement.
L’ACT aborde la notion de «Soi comme processus» qui, dans ce contexte, désigne la capacité à établir une relation d’équivalence entre un ensemble flou de sensations corporelles, de prédispositions comportementales et de pensées, et le nom d’une «émotion». Il désigne, dès lors, la compétence à associer avec un cœur qui bat plus vite, une respiration qui s’accélère, la sueur qui fait son apparition,…une émotion et à lui attacher le nom de peur. Dans son approche thérapeutique, l’ACT s’efforce d’établir un climat thérapeutique favorable au développement de cette capacité.
Hexaflex | Le « Soi comme contenu »
En second, nous trouvons la notion de « Soi comme contenu » qui renvoie à un soi conceptualisé/intellectualisé que nous construisons sans cesse pour adjoindre un sens à notre vécu et à notre histoire. En cela, cette notion se rapproche du concept de scénario de vie.
L’individu se retrouve alors face à la nécessité de maintenir une cohérence dans son histoire. Ce besoin risque de forcer/favoriser une interprétation de l’expérience vécue comme confirmative de son schéma au détriment d’une vision potentiellement évolutive.
L’ACT s’attelle avec le patient à démanteler cette construction. De cette manière, il vise un affaiblissement de la domination des processus verbaux et du contexte de littéralité, deux entités qui collaborent à donner à cet édifice conceptualisé le pouvoir de guider les choix du sujet.
Hexaflex | Le « Soi comme contexte »
Le « Soi comme contexte » est une notion difficile à saisir. Dans un article publié en 1984, Steve Hayes a décrit l’expérience de soi comme une perspective ouverte et sans limites. Comme c’est toujours là depuis que je regarde, il m’est impossible de voir cette «chose» (qui n’est pas une puisqu’elle n’a pas de limite) mais seulement l’expérimenter d’une manière restant le plus souvent fugace.
Le « Soi comme contexte » représente, en fait, un soi constamment présent à travers le temps, l’espace et les événements. Il définit comme similaire à un écran de fond sur laquelle apparaissent les phénomènes psychologiques transitoires (pensées, émotions, etc.) de l’individu.
L’analogie avec la gare est une manière particulièrement efficace de « palpabiliser » son existence. La gare (qui représente ici le « soi comme contexte ») est traversée par différents trains tout comme les expériences internes passagères entrent et repartent dans notre quotidien. Sur le quai de la gare, le patient peut observer les différents trains qui passent et décider ou non d’embarquer en fonction du but et de l’utilité. Pour cette raison, ce soi est aussi nommé le « soi observateur».
Lorsqu’en séance vous désirez faire vivre de l’intérieur le soi comme contexte ou comme contenu, vous pouvez présenter la métaphore de la partie d’échec :
Au sein de cette métaphore, les expériences internes du patient sont représentées comme les pièces d’un jeu d’échec. Une couleur est assignée aux expériences désagréables (le noir par exemple) et une autre à celles plus agréables (le blanc). Dans le quotidien du vécu du patient tout comme sur l’échiquier ces pièces sont très souvent en lutte. Dans certaines circonstances, ce combat est même douloureux, intense et long avec comme issue un impact certain sur la vie du patient. Dans cette perspective, il parait fondamental que les blancs gagnent ou toutefois, que les noirs ne gagnent pas. IL ne faut rien lâcher sinon c’est la débâcle. Vous pouvez interroger le patient sur cette partie interne interminable. Selon les jours, vous est il arrivé qu’une ou l’autre couleur gagne ? Et dans ce cas que se passait-il le lendemain ? La victoire acquise permettait-elle une domination sans partage ? Est-ce que certains jours la couleur dominante sur le plateau était-elle le noir ? Le blanc ? Et vous où êtes vous par rapport aux pièces ? Que ressentez-vous lorsqu’elles se déplacent ?
Imaginons que plutôt qu’évoluer proche des pièces, sous ou sur elles, brinquebaler par chacun de leurs mouvements, vous étiez le plateau sur lequel se déroule la partie ? Ce dernier est en contact avec chacune des pièces, il sent les mouvements mais il reste identique quelque soit l’issue de la partie. Dans ce cas, si vous pouviez observer cette partie que se livre votre activité mentale depuis ce point de vue, constater les manœuvres des uns et des autres avec la stabilité du support, est-ce que cela pourrait-il faire une différence ?
Au final, quelle que soit l’intensité de la tempête, le ciel lui-même n’en est pas affecté.
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