Cet article fait partie d’une suite consacrée à l’action engagée | Le sommaire se trouve ici: L’action engagée vs l’inaction
Objectifs de personnes vivantes
Lorsque vous aurez défini ensemble les valeurs et les objectifs qui en découlent, soyez vigilants à ne pas avaliser des buts émotionnels (être calme) ou de personnes mortes (ne plus fumer, par exemple). Ces points seront donc à creuser, à différencier avant la co-validation.
Objectifs impossibles
Dans certaines circonstances de vie, le patient /client pourrait être tenté de définir des objectifs impossibles, qui l’amènerait à tourner encore plus en rond et plus vite dans une lutte infinie.
• Une personne qui, suite à un accident, a perdu la mobilité au niveau de son genou et qui désire reprendre sa carrière de sportif international comme avant.
• Un ouvrier en bâtiment renversé par un camion qui doit vivre au quotidien avec tout le côté droit du corps paralysé et qui désirerait reprendre le même type de travail lourd à un même rythme.
• …
Avec ce(s) patient(s)/client(s), arrêtez-vous, respirez (un peu plus profondément qu’à l’accoutumée) observez ce qui se passe en vous et quelle serait votre prochaine parole si vous suiviez votre tendance naturelle. Ralentissez, il ya plein de choses à faire.
La personne qui est en face de vous est installée dans une barque et depuis un temps certain dépense de l’énergie, beaucoup d’énergie pour faire avancer le bateau. Mais si vous observez bien elle ne rame que d’un côté et inexorablement le bateau tourne en rond. Et là elle se présente chez vous et vous dit : « venez, venez. Ramez avec moi ; à deux on est plus fort ». Allez-vous vous asseoir à ses côtés et ramer avec elle de toutes vos forces et tourner en rond deux fois plus vite ? Ou allez-vous reconnaître tous les efforts qu’elle accomplit depuis tellement de temps, tellement de douleurs et de sacrifices et lui proposer autre chose ? Allez-vous lui permettre de constater cette lutte engagée pour rejoindre un objectif inatteignable, les colossaux efforts consentis et les résultats décevants qui en découlent ?
Si oui, dans ce cas, la proposition ci-dessous pourra peut-être vous être utile (ou pas).
Étapes intéressantes face à un objectif impossible :
1. Reconnaître la douleur qui découle du fossé qui existe entre ce que l’on désire et la réalité
2. Proposer une réponse à cette douleur au travers de l’acceptation et la défusion
3. Se centrer sur l’objectif initial et trouver des valeurs sous-jacentes à ce dernier
4. Fixer de nouveaux objectifs basés sur ces valeurs sous-jacentes
Engagement public
Diverses expériences ainsi que de nombreuses constatations empiriques penchent en direction d’un impact certain de la déclaration d’intention à voix haute et devant témoins. En effet, dire à voix haute ce que nous nous engageons à faire augmente la probabilité de la réalisation de la tâche. De plus, vous pouvez demander au patient/client :
“Nous avons noté sur ce papier les différentes actions à réaliser, je vais vous demander d’en choisir une et de la lire à haute voix. En parallèle je vous demanderais d’observer ce qui se passe en vous lorsque vous énoncez cet objectif : Quelles pensées parcourent votre esprit ? Quelles émotions ressentez-vous ? Quelles sensations parcourent votre corps ?
Si maintenant vous vous imaginez dans la réalisation de la tâche à la date dite dans les circonstances prévues. Si vous vous racontez cette histoire de vous en train d’accomplir votre action, qu’observez-vous ? Pouvez-vous vous asseoir avec ses observations, les accepter et les laisser évoluer ? Dans ce cas que se passe-t-il ?
Vous avez expérimenté les passagers avec lesquels vous allez pouvoir rouler lors l’accomplissement de votre action. Peut-être seront-ils là plus doux ou plus virulents lorsque vous vous confronterez à cette vie pleine de sens, vous pourrez alors leur faire de la place comme vous l’avez réalisé aujourd’hui et placer néanmoins votre acte engagé.
Objectifs par écrits
Bien sûr, nous pouvons définir ces objectifs oralement si nous (ou notre patient) n’aimons pas les formulaires. Cependant les mettre par écrit pendant la séance les rend plus tangibles et laisse votre patient un pense-bête utile à emporter chez lui.
Parce que dans la mer il y a du sel, dans ACT il y a l’expérientiel. (Aucun lien mais cela rime et ça me fait plaisir). Plutôt que d’apprendre par le langage, je vous propose de pratiquer, en proposant votre solution au problème suivant (créativité acceptée mais non obligatoire) :
A la fin de la séance Monsieur P. (encore lui, un pur coriace, je dirais même un patient difficile) regarde avec indolence la feuille posée devant lui en la toisant d’un regard narquois (assertion non orientée et purement factuelle). Au détour d’un mouvement de bouche indescriptible, il lève le sourcil droit et articule laconiquement “pfffuuu, votre truc, c’est une perte de temps, je l’ai déjà fait auparavant j’ai mis mes objectifs par écrit mais je n’ai jamais été jusqu’au bout et tout le tintouin.“
En tant que thérapeute ACT que lui répondez-vous ?
Il n’y a pas une manière idéale pour répondre, il en existe une pléthore.
Peut être votre cerveau vous raconte-t-il des histoires de réponses justes, vous met-il la pression.
Je vous propose tout simplement ici d’expérimenter l’action engagée en postant votre réponse ci-dessous.
photo credit http://www.flickr.com/photos/64297698@N07/7519294530/