La fusion cognitive
La notion de fusion cognitive fait référence à un contrôle excessif du langage (incluant ses pensées, ce que l’on dit ou entend dire par l’entourage) sur les comportements (Blackledge, 2007). Cette main mise peut transformer ce formidable outil qu’est le langage en un piège nous engluant par ses propres productions. En effet, la fusion, en nous entraînant dans une tendance à prendre les pensées littéralement, va constituer avec l’évitement un des principaux vecteurs de troubles psychologiques. En cas d’aveuglement, on va assister graduellement à une augmentation de la domination de l’expérience mentale sur l’expérience directement accessible par les cinq sens.
Dès lors, lorsque certaines pensées accompagnées de « je n’y arriverai pas.. » surgiront elles suffiront pour rendre l’expérience concrète impossible. Le patient confond les ours et les histoires d’ours ou stylos et histoires de stylos.
La défusion cognitive
Le terme « défusion cognitive » trouve son origine dans la langue anglaise sous le vocable « to defuse ». Ce mot fait référence conjointement à la notion de désamorcer un piège et de dé-fusionner avec le langage.
La défusion cognitive est, donc, le procédé permettant à l’individu de prendre de la distance avec le contenu littéral de ses pensées pour les envisager comme des phénomènes psychologiques différents des expériences réelles.
La défusion est surtout utilisée afin de permettre une prise de recul face aux phénomènes internes tels que les justifications, les jugements, les conceptions de soi,… De telles cognitions peuvent avoir un impact limitatif au niveau comportemental et limiter l’individu au niveau des actions qu’il pourrait mener vers ce qui a du sens pour lui. Elle va donc permettre de modifier la relation que l’individu entretient avec ses pensées.
Le thérapeute va utiliser divers techniques et pour aider son patient à pratiquer la défusion. Un des exercices typiques consiste à proposer de répéter le contenu d’une pensée à toute vitesse afin de focaliser l’attention de l’individu sur les caractéristiques sonores des mots et d’amoindrir les associations à une signification particulière. Des métaphores, des paradoxes et bien d’autres exercices expérientiels pourront également être proposé. Cette partie est particulièrement propice à la créativité pour autant que l’exercice proposé aide l’individu à se distancer des productions cognitives.
La métaphore des représentants de commerce est une manière intéressante d’introduire et amorcer le travail de défusion. Dans cet exercice vous allez demandez au patient d’entrevoir son cerveau comme une agence commerciale qui lui envoie régulièrement des représentants « les pensées » qui cherche à lui vendre (lui faire adhérer/croire à) un lot de pensées diverses et variées. Et dans ce cadre, ce ne sont pas toujours les meilleurs lots qui bénéficient des meilleurs vendeurs. Les plus désavantageux nécessitent les plus talentueux pour user de multiples stratégies pour vous faire accepter cet article de mauvaise qualité.
Lorsqu’un vendeur de la sorte se présente chez vous, achetez-vous tous ses produits ? Prenez-vous chacune de ses paroles comme un texte de loi ? N’iriez-vous pas vérifier ?
C’est précisément ce type de démarche que je vous propose de faire lorsque votre « agence commerciale », pardon votre esprit, vous enverra ses sbires aux crocs acérés.
En tant que thérapeute plusieurs outils de défusion peuvent alors être proposés. Un best-seller dans le domaine est celui qui invite le patient à le redire en chantant, avec un accent étranger ou sous forme de question. Voici une manière de le présenter au patient :
« Personnellement lorsque le matin au réveil de ma journée administrative, je me réveille en m’assénant des coups de « cela va être une journée pourrie, des papiers à remplir des files à faire,… », alors je m’amuse à redire les même paroles avec un accent étranger, le québecquois pour moi, ou avec l’intonation de ALF pour les connaisseurs. il est certain que cela ne m’enlève pas l’idée que cette journée va être pénible mais cela me permets de me rappeler que cette pensée n’est qu’une parmi de nombreuses autres. Je lui redonne sa vraie place, celle de pensée. Je ponctue parfois en soliloquant de la manière suivante « oui, oui CELINE DION (ça m’aide pour l’accent)/ALF c’est possible… en attendant je vais m’occuper de mes filles »
Cet exercice possède des variantes à l’infini tan au niveau de la voix, du graphisme, des couleurs et autres éléments intervenant dans la pensée.
Au final le travail sur la défusion peut s’avérer ludique et parfois également très délicat dans la présentation et l’adhésion. Dans ce cas, rien ne sert e forcer, il est plus opportun, en tant que thérapeute ACT, de favoriser l’expérience directe plutôt que de nombreuses explications.
« Il ne faut se fier à aucune pensée (et peut être pas à celle-ci) » – Russ Harris
Bonne défusion !!
photo credit ( http://www.flickr.com/photos/36248859@N02/4255714988/ )
je découvre le mot « défusion » ! mais ce n’est pas tout, j’ai également appris beaucoup de choses à travers les articles que j’ai lus jusqu’ici !
stéphanie