Peut-on s’approcher plus simplement du bonheur ?

“Nous vivons tous dans le but d’être heureux ; nous menons tous une existence différente qui, pourtant, est la même” Anne FRANK

Peut-on s’approcher plus simplement du bonheur ?Woody Allen s’exprimait au cours d’une interview de la manière suivante “En résumé, j’aimerais avoir un peu de positif à vous transmettre. Je n’en ai pas. Est-ce que deux messages négatifs, cela vous irait ?”

  • Peut-on parler de trucs et astuces pour s’approcher du bonheur ?
  • Est-il impoli ou risqué de tenter la simplicité pour aller mieux ?

En psychologie, certains mots n’occupent pas le devant de l’affiche en termes de popularité. Parmi eux, TRUC est un mot presque banni.
Partout ailleurs, les être humains raffolent de ces astuces et leur utilisation est synonyme de succès et d’attirance. Ouvrez les magazines, observez les quelques best-sellers placé dans le rang des meilleures ventes : les trucs pour ne jamais rater un soufflé, ceux pour faire face à un enfant adolescent, pour devenir riche, les sept clés d’un management efficace, etc.

Ils peuplent notre quotidien, et abreuvent abondamment, un grand nombre de nos contemporains, qui pour la plupart (moi y compris) se sont déjà laissés attirer par les sirènes alléchantes du “TRUC pour…”

Pourquoi une telle disgrâce en psychologie “sérieuse” ?

Les bonnes et mauvaises raisons coexistent dans l’explication d’un tel état de fait.
Parmi les bonnes, et non des moindres, il existe l’idée qu’un truc isolé ne peut provoquer un changement en profondeur. Pour être plus précis, pratiquement, il serait nécessaire d’appliquer l’astuce avec clairvoyance (c.à.d. au bon moment) et surtout faire preuve de persévérance (en psychologie une seule fois n’est jamais suffisante). Ceci permettrait  d’augmenter fortement l’efficacité de l’action réalisée et lui conférerait sa réelle portée.

A contrario, une bonne mauvaise raison souvent mise en évidence, consiste à mettre en avant que le mot “truc” ferait référence à “quelque chose de trop simple “pour se targuer d’une quelconque efficacité.

En effet, nous sommes dans de la complexité et dans le psyché. Face à ce bonheur et ses multiples ramifications, comment quelques petites astuces pourraient-elles faire le poids ?

La philosophie débat depuis des siècles sur le sujet, et voilà quelques conseils qui débarquent et se mettent à nous marteler “bonjour nous sommes les conseils et nous allons vous rendre heureux…”, cela paraît très peu plausible, voire totalement inadéquat. C’est ce que nous pourrions croire.

Cependant, étant sceptique face à de telles vérités claires et unilatérales, je m’interroge sur cette dernière affirmation.En effet, en tant que psychothérapeute, père et être humain, j’ai souvent constaté que les choses les plus simples étaient dans bien des cas les plus efficaces.

Le complexe de la simplicité

Tal Ben Shahar parle dans ses écrits de deux sortes de simplicité : celle en deçà du complexe et celle qui trône au delà de celui-ci.

Dans le premier (deçà du complexe), la simplicité est sans consistance, elle ne consiste qu’en un  amas de lieux communs et de creuses affirmations gratuites. Elle se farde parfois, pour paraître, au moyen d’un langage savant et elle se déguise au travers d’un jargon. Nous avons retrouvé (entre autres) cette tendance prononcée dans quelques écoles de psychologie.

Deuxièmement, nous trouvons la simplicité au delà du complexe, issue d’une recherche, de comparaisons, d’une quête de connaissance et de compréhension, de partage et d’expérimentations. Celle que l’on obtient après de nombreuses pérégrinations et que Léonard de Vinci nommait “le raffinement suprême”.
Et bien souvent cette simplicité directe et pragmatique, est supérieure à cette “fausse profondeur” mielleuse, tartinée par certains de nos proches ou de nos contemporains.

Dans bien des cas, la réplique “Vous êtes trop naïf c’est bien plus compliqué que cela” assénée sans cesse peut passer comme une forme de paresse intellectuelle.

Qui parmi vous n’a pas un jour senti poindre en lui la gêne d’énoncer quelque chose de trop simple, de “bateau”, de “réducteur” ?
Qui n’a jamais fait face au fameux “la réalité est bien plus difficile et multiple que ce que vous énoncez ” ? Qui ne s’est jamais confronté à ce que je nomme le “complexe de la simplicité”.

Alors je le concède nos vies sont multicouches, notre cerveau est complexe, nos relations sont compliquées et nos personnalités, n’en parlons même pas…
Cependant si pour fonctionner ou faire face à un problème nous actionnons des raisonnements, des processus, des méthodes trop compliqués  nous risquons de nous retrouver en compagnie d’un sentiment d’impuissance et d’une incapacité à agir et évoluer. C’est probablement cela qui amena Paul Valery à écrire “ce qui est simple est faux. Mais ce qui est compliqué est inutilisable”.

Au cours de ce texte, je n’essayerai pas de vous convaincre car cela pourrait signifier que ce que je dis est vrai ou plus vrai que ce que vous pensez, or ce n’est pas le cas.
Si à un quelconque moment, vous adhérez à ce qui est indiqué et écrit, ou si par hasard vous êtes saisi par une certaine ou profonde résonance avec ce que vous lisez, cela ne serait que fortuit et sans aucune intentionnalité. Cela ne constituerait qu’un dommage collatéral, dont je décline toute responsabilité 🙂

Décomplexez vous, osez la simplicité

Avez-vous déjà acheté du matériel de sport, de cuisine, de loisir qui était révolutionnaire et aurait pu changer votre manière de pratiquer votre activité ?
Peut-être même l’avez-vous acquis en zappant sur une chaîne de télé-achat ? Un robot ménager, une machine d’extraction de jus, un éplucheur révolutionnaire, une machine extraordinaire pour transformer vos abdominaux en tablettes de chocolat, un désherbeur sans effort,…

Bien souvent, si son usage est complexe ou son entretien trop coûteux en temps ou énergie, vous risquez de revenir rapidement à la “bonne vieille méthode”.

Dans bien des cas, les principes et les fondamentaux qui nous permettraient d’aller bien ou mieux sont connus. Bien souvent, malgré une compréhension de leur intérêt, nous rechignons ou tardons à les appliquer.
Au cours de mes consultations, comme pour moi-même, je constate et entend souvent “je sais que X (activité, action : sport, voir des amis,..) serait meilleur ou mieux pour moi mais Y (‘excuses’ : je le reporte, cela n’est pas le problème, j’attends d’aller mieux)”

Et de manière générale, comme plus spécifiquement dans l’art du changement, l’expérience ne consiste pas à découvrir ces fondamentaux. Elle correspond à en percevoir l’importance et la nécessité de s’en approcher pour vivre heureux.

Dans le cadre de mon travail, j’ai pu à de nombreuses reprises échanger avec des personnes qui apprenaient que leur survie dans les prochains mois dépendrait de la possibilité d’être greffé ou non. L’annonce de cette nouvelle, après un moment d’effondrement, leur permet souvent de modifier leur vision de l’existence. Ils vont devoir attendre et se battre, changer certaines habitudes, abandonner d’autres, s’investir dans certaines voies qu’ils avaient jusqu’alors remis au lendemain.

Bien plus qu’acquérir un nouveau savoir original et inédit, ils ont pris conscience de ce qu’ils savaient déjà et s’apprêtent à le mettre en place de manière répétée.

Bien souvent, après greffe, ils reviennent avec d’autres saveurs en bouche alors que le menu est sensiblement le même : ils profitent plus et/ou différemment de ce qui se présente, versent moins dans la complexité pour se centrer sur l’essentiel.

Je vais vous dire quelque chose d’affreux, d’une simplicité absolue : pourquoi ne pas essayer de saisir les opportunités, cessons de procrastiner ou dilapider les possibilités de nous rendre heureux sous prétexte que les moyens sont trop simples et d’une accessibilité trop aisée pour être réellement efficaces

Pourquoi certaines personnes s’approchent-elles plus simplement du bonheur ?

Je vous propose avant de se quitter de lire Voltaire, en partie, dans ces quelques mots qu’il a placé sur le bonheur
« Nous cherchons tous le bonheur, mais sans savoir où, comme des ivrognes qui cherchent leur maison, sachant confusément que cela existe…
J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé »

 

inspiré par Le livre de Tal Ben Shahar, L’apprentissage du bonheur, édition Belfond 2008
photo credit http://www.flickr.com/photos/25171207@N02/4486446823/sizes/z/in/photostream/

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David Vandenbosch

Psychologue, Formateur conférencier en ACT et en Mindfulness, Membre fondateur et ex-trésorier de l’AFSCC, il s’est formé au coaching et à l’intervention en thérapie brève. Il est également diplômé en thérapie cognitive et comportementale à l’Université Claude Bernard de Lyon. Si vous ne le trouvez pas en ligne c’est sans doute parce qu’il arpente les rues d’une capitale européenne pour son “European jogging discovery”.
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À propos David Vandenbosch

Psychologue, Formateur conférencier en ACT et en Mindfulness, Membre fondateur et ex-trésorier de l’AFSCC, il s’est formé au coaching et à l’intervention en thérapie brève. Il est également diplômé en thérapie cognitive et comportementale à l’Université Claude Bernard de Lyon. Si vous ne le trouvez pas en ligne c’est sans doute parce qu’il arpente les rues d’une capitale européenne pour son “European jogging discovery”.

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